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08/01/04

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Louis LEYDIER

1806 – 1894

 Introduction : Louis Leydier est un notable buxois du XIXe siècle. Il est issu de deux vieilles familles bien implantées localement. Leurs fonctions traditionnelles sont plutôt administratives ou commerciales. Ses ascendants sont de souche de petite noblesse, les Bertrand de Montfort,  ou de petite bourgeoisie, les Leydier.

Nous allons vous présenter le personnage Louis Leydier, son entourage et ses actions.

 

1)    Louis et ses parents (Raymond et Henriette)

 Ses parents : Raymond Leydier, né en 1768, et Henriette Bertrand de Montfort, née en 1775. Celle-ci avait un certain courage. Qu’on en juge : pendant la période révolutionnaire, elle protégea le curé Lunel, curé du Buis, prêtre réfractaire et recherché comme tel. Elle ira même le visiter, à ses risques et péril, en prison à Grenoble. Citons encore un autre épisode : à sa mort, en 1870, la presse locale signale qu’en 1815 elle vint affronter sur la place du bourg une bande de brigands qui effrayaient la population. Par son discours et ses menaces, elle les mit en fuite ! Le père est avocat et mentionné parfois comme juge de paix. Un de ses fils et un de ses petits-fils le seront également. Est-ce un gage de sagesse ?

Raymond et Henriette auront 10 enfants dont 5 survivront et 4 auront des enfants (Albin, Agathe, Martial, Louis et Joseph) le cinquième (Victor) sera prêtre.

Ceux que nous allons surtout croiser : Joseph et Martial.

Martial, en 1866, habite près de l’église (rue du cimetière) après avoir logé rue de l’Auditoire. C’est lui, avec sa femme Eugénie Saussac, qui loge leur mère, Henriette de Montfort. Ensemble ils ont deux domestiques. Il est juge de paix homme de loi comme leur père Raymond. Il aura 6 enfants, tous arrivant à l’âge adulte.

Joseph est déclaré «négociant en soie » comme Louis. Parfois on les retrouve comme «fabricant de taffetas ».  Faisaient-ils des affaires ensemble ? Lui, il aura deux enfants de Mathilde Espérandieu.

Celui qui nous intéresse et qui nous rassemble aujourd’hui : Louis est né le 1er décembre 1806 au Buis. Il est le 6ème enfant. Nous ne savons pas grand chose de ses études mais il est possible qu’il soit allé au Collège tenu par des Frères au Buis.

En juin 1827, Louis a 21 ans, Raymond paye une somme assez rondelette, 600frs, pour que Louis ne fasse pas ses cinq ans de service militaire. Les familles aisées avaient souvent recours à ce système par lequel moyennant finances, le jeune homme ne faisait pas son service militaire et un jeune d’une famille modeste le remplaçait pour avoir quelques revenus supplémentaires. Ce Raymond est assez argenté puisqu’il lègue par testament 400 frs à l’hospice du Buis ; legs qui sera entériné par ses héritiers.

 

2)    Louis, sa femme et ses enfants

 Il se marie le 5 avril 1837 à Vaison (qui n’est pas encore la romaine ) avec Louise Delaleu. Ils habitent rue de La Conche, probablement la maison dite la maison de l’Ecu de France. A noter qu’en 1740 son grand-père, Etienne Leydier, possède déjà 2 maisons rue de La Conche. En tous cas, en 1856 puis en 1866, il loge au n° 6 de cette rue. Le couple aura trois enfants.

Marie née en 1838 épousera en 1861 un soyeux lyonnais, Joseph Servant. Puis vint Maurice né en 1843 mais qui meurt l’année suivante. Enfin Georges né le 17 janvier 1845, que l’on connaît bien puisque c’est lui qui vint à Rochetaillée se marier avec Louise Nikly.

Louise Delaleu meurt jeune, le 17 février 1865 à 47 ans. L’article nécrologique qui paraît est très élogieux, mentionnant les œuvres qu’elle dispensait inlassablement auprès des pauvres. A cette époque, Louis est encore le maire du Buis.

En 1872, avec son frère Martial, ils prennent une concession au nouveau cimetière pour eux, et pour leurs familles. Cette concession a été reprise et le caveau remis en état par Pierre et Mie Leydier.

 Louis meurt le lundi 24 septembre 1894 dans les bras de son fils Georges, en sa propriété du «clos » à Sarrians qu’il avait reçu en héritage en 1861 de la part de son oncle Bertrand de Montfort. Que ce soit à Sarrians ou au Buis, la population fut nombreuse à entourer la famille ces jours-là et Georges note que c’est en souvenir de tout ce que son père a fait pour le pays.

On notera que Marie est partie à Lyon, que Georges vit à Rochetaillée, même s’il redescend très souvent à Sarrians ou à Carpentras. A partir du mariage de Georges, en 1877, Louis n’a plus d’enfants sur place. A cette date, ses deux frères, Martial et Joseph sont déjà décédés l’un en 1874 et l’autre en 1893.

Georges et Louise Nikly eurent 5 enfants, 24 petits-enfants, 98 arrière-petits-enfants, 201 arrière-arrière-petits-enfants et (pour l’instant) 42 arrière-arrière-arrière-petits-enfants. Dans cette famille les surnoms ont été très appréciés : Comment Loulou, Riri, Mimiche et Nini ont-ils appelés leur frère Eugène avant qu’il ne devienne l’oncle Abbé pour nous tous.

 

3)    Louis et son beau-père Camille de Laleu (et ascendance maternelle)

 Peu de chose connu sur lui. C’est le père de Louise. Avec sa femme, Louise Antoinette de Chappuis, ils ont eu 7 enfants dont 4 arrivent à l’âge adulte.

Il est né à l’Isle de France (île Maurice) où son père est administrateur pour le roi. Camille Delaleu rentre en France en 1815 et est maire de Vaison à partir de 1830 jusqu’en 1837, date à laquelle il démissionne.

 Il compte parmi ses ancêtres François-Pierre Chenard de La Giraudais, corsaire du roi Louis XV. Nous en descendons donc tous !

 

4)    Louis et son grand-père maternel (Bertrand de Montfort, Sarrians)

On a déjà dit que Louis était très lié à la famille Bertrand de Montfort. Il habite rue de La Conche, où il loge Joséphine Bertrand de Montfort, sa tante célibataire. Henriette, sa mère était la 4ème de 8 enfants. Joséphine est la plus jeune, c’est elle qui décédera la dernière de la fratrie en 1865. Elle est encore vivante quand son frère, Rostaing, lègue à Louis la belle propriété du «clos » en 1861.

Il faut noter que le père d’Henriette, Antoine Louis François Bertrand de Montfort qui est avocat au Buis au XVIIIème siècle sera délégué à Vizille puis aux Etats du Dauphiné à Romans en 1788 et surtout député du Dauphiné à la Constituante de 1789 à 1791. Il n’a pas laissé un bon souvenir au Buis en raison de ses positions conservatrices et surtout on le tint responsable du transport de la sous-préfecture à Nyons alors que jusque-là Le Buis tenait ce rôle.

 

5)    Louis et son ascendance Leydier

 Raymond, le père de Louis,  est d’une famille de douze enfants dont deux seulement seront adultes et auront des enfants ! La mortalité était sévère à cette époque. Le grand-père paternel de Louis s’appelle Joseph Leydier. Il est Contrôleur Général, juge des Gabelles. Un comble quand on connaît l’étymologie du nom «leydier » = celui qui collecte la leyde, l’impôt indirect perçu sur les marchés du Dauphiné au Moyen-âge ! Ce Joseph sera délégué du vi-baillage du Buis avec ALF Bertrand de Montfort aux Etats du Dauphiné à Romans en 1788.

 Les Leydier sont une famille de notables bien installée sur le Buis depuis le XVIIème siècle. Etienne Leydier, père de Joseph,  qui vit en 1740 possède, outre les deux maisons dont on a déjà parlé,  plus de 6 hectares de terrains : propriétés Ce qui montre une certaine aisance !

Plus avant, c’est un autre Raymond, âgé de 22 ans, qui arrive au Buis en 1676 pour se marier avec une buxoise, Françoise Faravel. Il est maître-cardeur de laine. Il fait partie des 3 échevins qui ont inauguré le  «pont Neuf » en 1690 ; selon le livre de Claude Bernard «histoire du Buis » Il meurt en 1736.

 

 

6) Louis et Plaisians (migration des Leydier au XVIIème siècle)

 Plaisians est la commune d’origine des Leydier. C’est un village situé à une vingtaine de kms du Buis, sur les pentes escarpées de la montagne de La Nible. On notera, sur la carte de Cassini dressée au XVIIe siècle, qu’un hameau de Plaisians s’appelle «les Leydiers ». Nous avons essayé de retrouver ce lieu-dit, mais il n’est plus indiqué comme tel. L’endroit supposé regroupe deux ou trois maisons.

On sait qu’un Michel Leydier fut consul de Plaisians en 1589 et en 1600. Mais nous connaissons peu les activités de la famille.

Nous ne savons pas, non plus, pourquoi la migration se fit lors du mariage de Raymond en 1676. Pourquoi ce n’est pas la fille qui est allé vivre dans le village de son mari. Plaisians est un village accroché à la colline, certes très agréable pour faire du tourisme de nos jours,  mais il faut imaginer les dures conditions de vie qui devaient certainement prévaloir à cette époque, d’autant plus que Raymond a 5 frères et que la terre est sans doute insuffisante à nourrir tout le monde ! On connaît actuellement de nombreuses autres branches familiales identifiées remontant aux Leydier de Plaisians.

 Nous n’avons pas fini de découvrir des cousins !

 

7) Louis et son ami J. F. Layraud

 Joseph-Fortuné Layraud est né en 1833 à La Roche sur le Buis. Il a donc 27 ans de moins que Louis Leydier. Issu d’une famille de paysans, c’est le curé du village qui l’encourage pour faire éclore ses dons. Par sa persévérance, il ira à Marseille puis à Paris pour étudier la peinture. En 1856, il reçoit une subvention du Conseil Général de la Drôme pour l’aider matériellement. D’un montant modeste, 600 frs annuels, elle sera renouvelée plusieurs années. Sans en être certain, on peut affirmer que Louis Leydier a poussé à cette décision d’attribution de cette subvention. Ce dont Layraud lui sera toujours reconnaissant.

Louis lui fera faire de nombreux portraits de membres de sa famille à une époque où l’artiste est reconnu au point de faire le portrait de la famille royale portugaise, de vendre un grand tableau au gouvernement anglais… Dans un répertoire de 1903, on ne compte pas moins de 17 portraits pour la famille Leydier, la famille de Montgolfier (était-il en lien avec elle par Georges ? ) et même deux pour la famille Servajean dont l’un des descendants a épousé une des arrière-petites-filles de Georges ! Le portait de Louis qui est dans la salle d’honneur de la mairie du Buis est signé de l’artiste.

Comme marque d’amitié réciproque, on notera également une correspondance retrouvée qui date de 1864. Joseph-Fortuné demande à ses amis de La Roche de voter et d’inciter à voter pour Louis Leydier qui se représente au Conseil Général et dont la réélection est très compromise. Nous y reviendrons. Mais il emploie des termes qui ne laisse aucun doute sur ses liens de fidélité avec la famille Leydier.

 

8) Louis et son neveu Raymond (la guerre de 1870)

 Dans la branche de Martial, frère de Louis,  il nous faut signaler le fils aîné Raymond qui s’engage en 1870 dans les Gardes Mobiles de l’Ardèche. Il a 29 ans et se prépare pour être homme de loi comme son père. La guerre contre les Prussiens se déclenche et il va défendre, courageusement, la patrie. Son bataillon est affecté à la défense de Vernon, dans l’Eure, il sera tué, pendant une attaque des prussiens, le 26 novembre 1870.

A signaler également Gustave, autre fils de Martial,  juge de paix comme son père mais au Grand- Serre dans le nord de la Drôme, qui vendra en 1900 la maison familiale au curé Reynaud pour 7000 frs. Gustave se garde la jouissance pendant six ans de deux appartements au second étage pour son usage personnel. Cette maison est maintenant une maison d’hôte nommée « l’Ancienne Cure » située rue du Paroir, près de l’église.

 

9) Louis et la commune du Buis (1846 – 1870)

Raymond est conseiller municipal et conseiller d’arrondissement.  Le 2.11.45 il se prononce pour la ligne de chemin de fer «valencee – Grenoble ».

Août 46 Louis est élu, son père ne se représentait pas. L’installation du Conseil municipal se fait le 27 septembre. M Brochery est élu maire. A cette époque, les conseils municipaux ne se réunissaient que 4 fois par an. Louis a l’air d’être assez actif : en décembre, soit la deuxième session de son mandat, il signe une pétition pour l’alignement des rues du Buis.

A cette époque, la Monarchie de juillet et le roi Louis-Philippe, il faut payer un impôt suffisant pour pouvoir voter. Les Leydier font partie de ces électeurs censitaires Les conséquences d’une telle situation est que les conservateurs sont souvent majoritaires et que les démocrates sincères sont peu nombreux. Cette même année, 1846, Joseph, le frère, est l’électeur le plus riche du Buis, avec 467 frs de cens.

A partir de la révolution de 1848, le suffrage est universel, pour les hommes seulement, mesdames il vous faudra patienter encore… Et les listes électorales sont donc par ordre alphabétique sans plus aucune mention de fortune. Au Buis, on passe ainsi de 164 à 689 électeurs.

Sous l’Empire, en 1855, Louis est certes nommé maire par Napoléon III mais il est souvent le mieux élu. Il occupera cette fonction jusqu’en 1870 mais ne résistera pas à l’établissement de la République. A son actif on notera surtout des aménagements urbains.

Vous verrez, affiché, son bilan tel qu’il le trace lui-même en 1864. Les dernières années seront marquées par le transfert du cimetière, tout nouveau en 1870.

 

10) Louis et le canton du Buis (Conseil Général 1852 - 1864)

Louis Leydier est élu en 1845 au Conseil d’arrondissement, charge qu’il va abandonner rapidement quand il sera élu au Conseil Général en 1852.

Il nous faut noter les déboires électoraux de cette époque : les plaintes de ses adversaires pour fraudes quand il est élu en 1855, et les siennes quand il sera battu en 07.1864. A ce moment-là il constitue un dossier conséquent et va défendre son cas devant le préfet, contre l’avis du sous-préfet de Nyons. C’est à cette époque que Layraud, depuis Rome, écrit à ses concitoyens de La Roche sous le Buis pour qu’ils votent et fassent voter pour Louis Leydier. Celui-ci va reperdre les nouvelles élections d’août 64 et commence à les contester puis abandonne. Fraudes réelles ou Louis était-il mauvais perdant ?

Son bilan : surtout des routes et des ponts, mais cela représente de nombreux chantiers ! Et donc une certaine activité. Louis apparaît comme un homme cherchant déjà à désenclaver le pays buxois, voulant rejoindre les grands axes de communication. Vous retrouverez cela également sur son affiche-bilan de 1864.

 

11) Louis dans les affaires (fabricant et négociant)

La carrière professionnelle de Louis Leydier ne nous est pas encore connue. On l’a dit, sur les documents administratifs, il apparaît tantôt comme fabricant de taffetas tantôt comme négociant. Nous n’avons rien retrouvé, malgré des recherches aux archives départementales et à la Chambre de Commerce. Il faudra encore élargir les pistes, notamment au tribunal de commerce et dans les archives de notaires,  pour apporter des précisions.

Nous essayerons de vous en dire plus une prochaine fois ! 

 

Dominique Lafont

Guy Leydier

Juin 2004.

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